Déçu

J’aurais pu intituler ce texte « Réponse au texte de Marc Girard », mais cela aurait pu être interprété comme « pompeux »… Et finalement, « déçu », ça résume bien.

Parce que franchement, c’est décevant.
Non, il manque « je »… Je suis déçu… (Comme quoi il est plus juste d’utiliser le pronom personnel plutôt que de dire des généralités possiblement fausses… car peut-être que ses amis ou lecteurs, eux, ne l’auront pas trouvé décevant). Bien sûr, le Moi est haïssable… surtout pour les croyants. Moi je ne suis pas croyant, et je n’aime pas tourner autour du pot.

Insister à ce point sur une expression toute faite me consterne. Je me demandais bien où j’avais pu écrire que Marc Girard puait. J’ai compris, en me relisant, qu’il faisait allusion à l’expression « On dit qu’un ami vous dit quand vous sentez mauvais… les autres vous laissent continuer de sentir mauvais ». Pour me mettre à son niveau qui consiste à prendre tout au pied de la lettre : comment pourrais-je prétendre qu’il pue puisque nous ne nous sommes jamais rencontrés ? Une expression, quoi, c’est tout… Pas de quoi faire une fixation. (D’ailleurs attention : plus haut, c’est encore une expression : on ne tourne pas réellement autour d’un vrai pot).

Nous ne nous sommes vraiment pas compris. Lorsque je disais que les analyses ne m’intéressent pas, je ne nie certainement pas l’intérêt de leurs conclusions (c’est ça qui m’intéresse, pour être précis), et c’est pourquoi je suis bien content qu’il y ait des gens pour m’éclairer. Là dessus, par contre, je crois avoir été clair : « Je pense qu’il est nécessaire que des gens s’y collent », ai-je écrit. Et si possible, des gens sans conflit d’intérêts. Heureusement, je suis membre du Formindep, où d’autres que moi s’intéressent aux chiffres et analyses, précisément…

Pour ce qui est de la lettre ouverte, je me fous des usages que je trouve sans intérêt. D’ailleurs, je n’ai pas commencé par « Monsieur », ni envoyé la lettre parce que la personne à qui elle s’adresse n’est qu’un moyen pour dire quelque chose de plus intéressant (de mon point de vue) : je n’ai pas plus envoyé de lettre à Alexandre Astier, ni au(x) percepteur(s), par exemple, où le vrai sujet était dans un cas l’importance du rire, et dans l’autre l’intérêt général des impôts. Pour ce qui concernait Marc Girard, l’incorrection dont, il me semble, il nous a fait une démonstration (ce qu’il ne reconnait pas, c’est entendu), n’était pas exactement le sujet. Le sujet était : pourquoi des gens du même bord se tirent dans les pattes ? Alors, s’il me lit, je lui fais mes excuses de l’avoir rangé dans un groupe avec des « compagnons » qu’il n’a pas choisis (niveau maternelle, quand même) quand le problème est celui de l’intérêt général et ceux qui le défendent… ou pas.

Se raccrocher à ce point à des données « objectives » est amusant (je ne trouve pas d’autre mot) : compter ne sert à rien, il n’est pas question de quantité dans un texte non scientifique. Lorsque je pense quelque chose, j’utilise naturellement le pronom « je », c’est vrai. J’assume. D’ailleurs, je n’utilise jamais de pseudo sur Internet ; j’ai un nom.

Avant de terminer, je le remercie de m’avoir cité en conclusion, mais la phrase ne concernait que la publication scientifique (voir mon CV). Ce qui fait quand même une différence de taille ! Heureusement qu’il est possible d’émettre des avis, d’échanger de manière libre. Personne n’est obligé de venir sur mon blog, même ses amis ou lecteurs (envers qui − la bonne excuse − il se fait un devoir de me répondre, à moi son « censeur » (?)), qui probablement apprécient la « modestie maladive » que j’ai d’émettre des idées dans un système ouvert. Trop d’occurrences du « je » pour l’un, modestie maladive pour d’autres… la vérité se trouve peut-être au milieu (avec un peu de chance).

Je ne voudrais pas obliger Marc Girard à discutailler avec tout un chacun (moi, en l’occurrence) comme c’est inscrit sur « le site et sa raison », deuxième paragraphe… même s’il l’a déjà fait quand-même en consacrant un article pour me répondre.

Bah, déçu… pas complètement non plus, parce que j’ai bien aimé la partie où il est question des dégâts faits au nom de la Santé. Voilà pourquoi je me retrouve devant une nouvelle situation absurde (je commence à m’habituer, à force) : s’envoyer des amabilités entre gens d’accords sur ce qui est important en médecine : d’abord ne pas nuire…

Du coup, j’arrête là. Je n’ai plus de temps à perdre avec Marc Girard, et j’imagine que lui non plus avec moi.

Match nul… Pas au sens « d’égalité », mais de « sans intérêt » ou même de « mauvais »…

PS : J’oubliais un détail : je savais que Philippe Nicot a effectivement reçu une feuille de paye misérable (300 € pour 300 heures de travail !)… Mais le versement n’est prévu qu’en cas de présence lors de la présentation du rapport en commission, et il a eu un empêchement. Donc pas un centime dans sa poche, nous avait-il fait savoir (forum du Formindep)…

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2 Responses to Déçu

  1. docteurdu16 says:

    Marc,
    Afin de rompre avec l’emballement mimétique si bien décrit par René Girard (1) ne serait-il pas bon de parler de l’affaire des anti Alzheimer et s’y cantonner ?
    Les faits :
    1 – L’action juridique du Formindep versus la recommandation de l’HAS sur la maladie d’Alzheimer a conduit aux retraits de cette recommandation en raison de conflits d’intérêt présentés par les membres de la Commission d’évaluation.
    2 – La réévaluation anticipée des médicaments anti Alzheimer a conduit à conférer à ces médicaments un Service Médical Rendu faible (SMR) et a conclu à l’absence d’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR).
    Les interprétations :
    1 – L’action juridique du Formindep a permis le retrait d’autres recommandations sur la base de la dénonciation de liens et de conflits d’intérêt de membres de Commissions. Bravo.
    2 – Le rapport de Philippe Nicot (dont il faut savoir qu’il s’agit d’un verbatim et / ou d’un brouillon de rapport) a été diffusé par le Formindep comme l’expression, je cite, d’Une Exceptionnelle Expertise Indépendante (Durable). Dommage.
    3 – Le visionnage de la lecture du rapport de Philippe Nicot et l’attitude du Président de la Commission de Transparence montrent à l’évidence que les décisions étaient prises d’avance : tout le monde se moquait du SMR et de l’ASMR à condition que les médicaments dits anti Alzheimer continuent d’être remboursés à 100 % Ainsi, et les nouvelles politiques publiques sont ainsi faites, qu’il s’agisse de la DGS (Direction Générale de la Santé), de l’HAS ou de l’AFSSAPS (désormais rebaptisée) ou des Agences Régionales de Santé (ARS), on consulte (i.e. on affiche), on mouille le Formindep et d’autres associations comme Prescrire lors des Assises du Médicament et « on » fait ce qu’on veut. Décevant.
    4 – Le Formindep est instrumentalisé mais pense que le rapport de Philippe Nicot révolutionne l’expertise. Ce qui, pour quiconque a écrit des rapports et fait des expertises, est assez surprenant. Le Formindep n’aurait pas dû le diffuser tel quel car cela porte atteinte à l’Exceptionnelle Expertise indépendante Durable, au Formindep et à Philippe Nicot. Je signale ici que le travail de Louis-Adrien Delarue (membre du Formindep), malgré ses imperfections liées à la structure thésarde, était d’une autre facture scientifique, bien que son sujet n’ait pas été exactement ce que la Commission de Transparence demandait à Philippe Nicot. Symptomatique.
    5 – L’expertise scientifique n’est pas un don idéologique donné par la grâce de la bonne conscience.
    Bonne journée.

    (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/René_Girard

  2. marc says:

    Je vais donner mon avis sur vos interprétations… mais à l’envers :
    5 – L’expertise scientifique en médecine est encore une illusion… Quand, comme moi, on recueille les données pour que d’autres les analysent et les interprètent (peut-être qu’un jour j’écrirai quelque chose de plus précis là-dessus), on se rend compte à quel point la « science médicale » est approximative. Tirer des conclusions sur des données incertaines n’est pas très scientifique… (Quand on décidera de se donner les moyens d’une rigueur dans le recueil de données, plutôt que du n’importe quoi qui est la réalité d’aujourd’hui sur le terrain, on commencera vraiment à avancer… mais je ne suis pas sûr qu’il existe un réel désir d’avancer dans l’intérêt général… les intérêts personnels suffisent : publications, carrière, ascension hiérarchique, reconnaissance, enrichissement, etc.)
    4 – Tout le monde est instrumentalisé par tout le monde. Dans une inconscience générale des mécanismes qui nous guident (lire Henri Laborit), avec des projets personnels en compétition avec d’autres projets personnels, et dans une connaissance tellement infime des données qui nous entourent, il nous est impossible d’être sûr d’avoir fait le bon choix lors d’un engagement qui peut nous sembler − en toute honnêteté − le moins mauvais. C’est l’incertitude que j’ai, et que j’aurais toujours, de mes engagements. L’important est d’être sincère. Le Formindep n’est pas parfait (rien n’est parfait), mais c’est ce que j’ai trouvé de plus sain dans ce qui m’entoure, concernant le débrouillage de tout ce merdier qui met sans vergogne en balance l’intérêt des patients (l’humanité) et l’intérêt de l’économie (l’argent). Que faire alors ? Plutôt que de rester sans rien faire, Camus propose la révolte, en sachant que ça ne sert à rien (qui peut réellement croire qu’il est possible de luter contre un rouleau compresseur qui tient toutes les commandes, à tous les niveaux, qui a perdu tout sens d’humanité, dont le seul credo est de faire toujours plus de bénéfices, ce qui lui donne toujours plus de puissance,… et tant pis pour les autres). Et puis Henri Laborit disait qu’il vaut mieux agir que rester en inhibition de l’action, même si l’action est inefficace. Sinon, on retourne l’agressivité contre soi-même et on se fait du trou dans l’estomac, de la maladie cardiovasculaire, ou du cancer, par baisse des défenses immunitaires.
    3 – J’ai fait partie de ceux qui étaient opposés à la participation à ce que j’appelais la pantalonnade des Assises du médicament (j’ai même proposé de quitter le Formindep si ma « dissidence » fragilisait l’association… mais dans cette association, les gens sont autorisés à avoir un avis personnel, ce qui, même, enrichit tout le monde − m’a-t-on fait comprendre − et c’est donc bien volontiers que j’y suis resté). Je ne suis pas dupe : j’avais annoncé que les enquêtes sénatoriales et parlementaires, que ce soit pour la vaccination contre la grippe A/H1N1 (voir le billet) ou pour le Médiator® ne donneraient rien (penser au rouleau compresseur…), et que les auditionnés n’auront fait que perdre leur temps…
    2 – Rien à répondre si ce n’est ce que j’ai déjà dit : une expertise honnête, même maladroite, sera toujours plus intéressante qu’une expertise malhonnête faite par le meilleur d’entre les experts… Je déplore autant que vous que le problème se pose en ces termes, mais il faut faire avec. La conclusion (ce qui m’intéresse, donc, en tant que praticien qui ne s’intéresse pas aux « chiffres et analyses ») a plus de chance d’être profitable au patient. Pour revenir à Philippe Nicot, je répète que je me fie plus à son avis qu’à celui des corrompus de notoriété publique. Mais j’ai peut-être tort…
    1- Même Marc Girard reconnait que le Formindep gagne parfois des combats significatifs… C’est mieux que rien, c’est vrai, mais n’oublions pas Camus : cela ne sert à rien. Sinon d’agir plutôt que rester les bras croisés…

    Désir et emballement mimétique (plus clair à mon avis sur ce lien ) … particulièrement évident chez l’enfant… je comprends mieux cette désagréable impression d’être dans une cour d’école maternelle !
    Toutefois, il me parait antinomique de désirer le « bien général » juste pour soi, à titre personnel… À méditer…

    PS : Souvent intéressants les commentaires…