Consentement éclairé

Extrait d’un courrier adressé à mes confrères du service :

[...] il serait temps d’en finir avec l’hypocrisie du consentement éclairé, et peut-être faudrait-il s’en occuper vraiment. Si le comité d’éthique accepte la faisabilité de l’étude, pourquoi un consentement… et éclairé ? Le comité d’éthique sert à quoi, alors ? Nous même, médecins, faisons confiance aux experts du comité, sinon comment ferions-nous pour peser personnellement l’acceptabilité du risque ? Notre intérêt est-il différent de l’intérêt du patient, alors, s’il faut lui demander son consentement ?

Et puis en pratique : nous sommes-nous mis une minute à la place du patient qui fait un infarctus et à qui on explique qu’on va lui faire, ou pas, un traitement en cours d’étude, et qu’il nous faut son accord ? A part créer une angoisse supplémentaire, et des doutes sur la compétence et l’humanité du soignant en face de lui, je ne vois pas bien ce que cela apporte.

Quant à l’éclairement, je ne pense pas que le patient soit dans les meilleures dispositions pour réfléchir. On s’entend d’ailleurs souvent répondre : « Mais faites comme vous voulez, j’ai mal ! » Je crois que même un médecin en train de faire un infarctus ne comprendrait pas qu’on lui demande de prendre une décision dans un tel moment. Mais je me trompe peut-être…

Et puis je pense que le minimum d’honnêteté (qualité principale d’un investigateur, qui n’apparait pas sur le CV, d’ailleurs…) de la part du médecin c’est de ne proposer un protocole que s’il le ferait pour lui-même, comme le demandent souvent aussi les patients: « Qu’est-ce que vous feriez pour vous, docteur ? » Je me vois mal répondre : « Honnêtement, pour moi, je refuserais ce que je viens de vous proposer… »

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