Heu… En fait, attendez un peu et lisez encore ce billet… s’il vous plait !
Voilà, j’avais envie d’écrire ce qui m’est passé par la tête. Et ce qui m’est passé par la tête, c’est que ce que j’écris est peut-être intéressant, mais pas très constructif. Pour vous. Oui parce que pour moi c’est autre chose…
À la question : « Pourquoi écrivez-vous ? », souvent on ne sait pas vraiment quoi répondre. On peut prétendre que c’est pour les autres, mais le plus honnête c’est quand même de dire que c’est pour soi d’abord, à mon avis. J’ai conscience de l’inutilité absolue (ou presque) de ce blog pour les autres…
Alors que pour moi… Je l’ai écrit souvent, je suis camusien. Laboritien et utilitariste aussi, mais ici c’est surtout Camus que je veux citer : « il faut se révolter, en sachant que ça ne sert à rien ». Remarquez, je pourrais citer aussi Laborit : « il vaut mieux agir que rester en inhibition de l’action ». Voilà qui conforte ma proposition que ce blog ne sert pas à grand-chose… sinon m’empêcher de rester en inhibition de l’action.
Je confirme, cela me fait vraiment du bien. J’ai la très nette sensation d’être chargé d’un poids que je traine, jusqu’à ce que j’écrive sur ce qui me pèse. C’est, alors, comme si je posais ce poids par terre. Après, je me sens vraiment léger. Enfin, le cœur léger. Jusqu’à ce qu’un autre poids me pèse. Alors je recommence… Comme Sisyphe, c’est ça !
Mais pour vous, cela a surtout pour effet de vous distraire. Et c’est là où je voulais en venir. Ne vous laissez pas trop distraire, j’ai quelque chose de plus intéressant à vous proposer de faire. Arrêtez cette dispersion qui caractérise la façon moderne de communiquer, avec une information qui chasse l’autre, à toute vitesse. De temps en temps, il est bon de faire le point, avec une synthèse. Et ça tombe bien, il y a un excellent livre que j’ai déjà lu et que je viens de relire avec un bonheur évident : le bonheur de remettre les idées en place. J’ai l’habitude de le faire régulièrement avec Laborit que je relis toujours avec le même plaisir, mais j’ai trouvé là un autre livre plus récent qui me fait le même effet. C’est celui de Dominique Dupagne.
Je suis souvent d’accord avec lui, mais récemment je l’ai entendu dire que son livre « était déjà mort avant d’être sorti ». Et là, je ne suis pas d’accord du tout. Son livre est bien vivant : il agit sur l’hôte, et même change d’hôte par transmission indirecte de bouche à oreille, ou directe de main en main ! Ce n’est peut-être pas le moyen le plus moderne pour échanger, mais le livre restera encore longtemps indispensable.
Je dis souvent que je préfère l’écrit à l’oral parce que les écrits restent : celui qui écrit prend le temps qu’il lui faut pour écrire, et ne peut pas dire qu’il n’a pas écrit ce qu’il a écrit ; et celui qui lit peut lire et relire s’il veut être sûr d’avoir bien compris. Bref on avance mieux qu’avec des paroles en l’air. On peut regretter que parfois, sur les forums, on discute un peu de la même manière qu’à l’oral, sans prendre le temps de réfléchir. On ne laisse pas reposer les idées qui se chassent l’une l’autre.
Bref, de temps en temps une bonne synthèse ça fait du bien, croyez-moi ! Profitez donc de la parole de quelqu’un qui a réfléchi et qui a pris le temps et le soin d’être clair, pour apporter vraiment aux autres un éclairage indispensable à la compréhension de notre (dys)fonctionnement en société.
Je ne dis pas qu’il faut bouder les forums et autres blogs. Je dis simplement : posez-vous avec cet excellent livre. Dégustez-le ou redégustez-le, et faites ainsi savoir à son auteur qu’il n’est sûrement pas mort (le livre)…
Les livres de Laborit ne sont pas morts non plus. Heureusement ! Je ne peux qu’en conseiller la lecture, aussi, mais le livre de Dominique est certainement plus simple (dans le bon sens du terme, attention !). En tout cas, même si pour moi Laborit est d’une clarté extraordinaire (disons que je suis très réceptif), nombreux sont ceux qui peinent à avancer. Ce n’est pas le cas pour « La revanche du rameur ». Ah oui, au fait… c’est le titre du livre !
Donc arrêtez de me lire le temps de faire une pause salutaire… Vous pourrez toujours revenir après, la maison reste ouverte.
Je ne sais pas si j’écrirai encore, mais j’ai bien peur que, comme l’a déjà dit Dominique pour lui-même, je risque, moi aussi, d’écrire « aussi longtemps que tout ne sera pas parfait »… Enfin, moi je n’en suis pas aussi sûr que lui, parce que je n’ai pas autant d’énergie que lui…
Bonjour Marc,
Normalement, l’auteur ne réagit pas aux notes de lecture. Mais je voudrais d’abord te remercier de m’avoir fait découvrir les écrits d’Henri Laborit. Comme tu le dis, il est d’une clarté exemplaire et son oeuvre ne nécessite aucune vulgarisation.
J’ai tiqué sur ces propos que tu me prêtes, sur le fait que le livre serait mort avant d’être sorti ? Je ne me souviens plus du contexte, mais ça ne reflète pas ou plus ma pensée. Bien sûr, comme tout essai, son tirage ne sera pas celui d’un roman à succès. Mais je suis très satisfait de son parcours, et ce dès le premier jour grâce à l’émission de Mathieu Vidard sur France Inter. Je constate aussi avec plaisir que ceux qui l’ont vraiment apprécié sont mes amis. Ce n’est bien sûr pas un hasard.
Bonjour,
Je suis heureux que vous fassiez référence au Dr. Henri Laborit. Je dois à Alain Resnais de m’avoir fait découvrir « L’éloge de la Fuite ». Une belle découverte. J’ai aussi tenté de lire « La Nouvelle Grille », mais c’est plus ardu. Toutefois, je ne renonce pas à y revenir.
En attendant, je souhaite à vos lecteurs de regarder le film d’Alain Resnais : « Mon oncle d’Amérique », sans délai !