Quand le blanc devient noir

Dans mon dernier billet, j’ai écrit sur le football et les « mauvais garçons » qui portent le maillot national. Je voudrais parler aujourd’hui de l’exact contraire de ces jeunes-là…

Celui qui m’intéresse est un vieux, « blanc » (clin d’œil à Coluche), diplômé, éduqué, courtois et élégant, ami avec tout ce qui peut compter dans une société. Et même décoré par la Nation ! Bref, le parfait notable qui, théoriquement, inspire le respect. Je dis théoriquement, parce que celui dont il est question ici n’inspire pas vraiment le respect, même à ceux qui sont sensibles aux apparences…
Le seul point commun qu’il a avec les « mauvais garçons », c’est d’être riche. Mais, à côté, les autres passent pour des croquants, ou des « petits joueurs ». Et, je vais vous surprendre, à côté de ce monsieur ils passent, à mes yeux, pour des anges. Enfin, au moins pour des gens qui n’ont pas cherché à devenir riche quel qu’en soit le prix.

Vous l’avez sans doute reconnu, son nom est servier. Moi je l’écris sans majuscule, parce que j’ai appris à l’école que la majuscule était réservée aux noms propres…

Les médias se déchainent contre ces gamins mal élevés qui déshonorent le pays. Mais ne serait-il pas au moins aussi intéressant de se préoccuper avec autant de passion des liens d’intérêt de l’industrie pharmaceutique avec les décideurs, et d’une justice qui se perd dans son propre fonctionnement ?

Personnellement, j’ai un peu de mal à entendre qu’un criminel (sauf à considérer que vendre de force un produit qu’on connait comme sans intérêt et dangereux au point d’être mortel, en maquillant la réalité et en manipulant les prescripteurs et les administrations de contrôle, n’est pas un crime) puisse sortir librement d’un tribunal, pour vice de forme. Le vice de forme est donc plus grave aux yeux d’un juge que le crime… Bah, je sais que je ne comprendrai jamais rien au Droit. Normal, je ne comprends rien au monde.

Drôle de monde… Pendant que les meilleurs mathématiciens − enfin, les plus « brillants » − sont utilisés par les banques pour fabriquer de l’argent à partir de rien (voir lettre à Elise…), les meilleurs médecins − enfin, les plus « brillants » − sont utilisés pour répandre la bonne parole des fabricants de médicaments, et les meilleurs avocats − enfin, les plus « brillants » − sont utilisés pour trouver les failles du système judiciaire. Ceux qui devraient rendre la justice juste la rendent injuste, ceux qui devraient prendre soin d’autrui le maltraitent, et ceux qui devraient nous expliquer mieux l’univers (écrit, disait Galilée, dans la langue mathématique) sont en train de nous préparer quelque chose qui sera de l’ordre de l’apocalypse. Au nom d’un même idéal : devenir toujours plus riche.
Je caricature un peu, peut-être… Mais un peu seulement.

Bref, c’est sûr qu’il est plus simple de s’en prendre à des gosses sans éducation que de s’en prendre aux « éduqués » qui font n’importe quoi. Mais lesquels sont les plus méprisables, finalement ?

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3 Responses to Quand le blanc devient noir

  1. Marc G says:

    + 1

  2. TaekiroHeru says:

    Je ne suis pas d’accord : les meilleurs mathématiciens, les plus « brillants » ne font pas de la finance selon moi. Le mathématicien regarde les cours de la bourse à posteriori et y voit des fractales, éventuellement le mathématicien cognitif va essayer de comprendre le mécanisme individuel ou collectif qui a précédé tel ou tel variation de l’action. C’est l’ingénieur financier qui connais les rouages de la bourse, qui établit ou applique des règles purement empiriques pour prévoir le cours. Le mathématicien n’est pas fou au point d’essayer de prévoir ce qui dépend de tellement de variables (dont des variables pseudo-aléatoires [météo, tremblement de terre, découverte fortuite d'un faille de sécurité d'un produit informatique quelconque, etc.]) que la résolution numérique du problème sur les meilleurs superordinateurs actuels et futurs prendrait plus de 13,7 milliards d’années (plus que l’âge actuel de l’Univers). J’irais même jusqu’à généraliser dire que les meilleurs scientifiques des sciences dites « exactes » (mathématiques, physique, etc.), à l’exception peut-être de la géologie où les plus « brillants » font sûrement partis de grands groupes pétroliers, ne sont pas dans cette logique de l’argent que tu présentes.

    À propos du Droit, j’ai mis longtemps à comprendre : pour que la Justice existe il faut des règles intransigeantes. Le corolaire malheureux de cela est qu’un affaire peut être close pour un « simple » vice de procédure. La lecture du blog et des tweets de Maître Éolas en est pour beaucoup dans ce changement de point de vue.

    Je suis pour autant d’accord avec toi sur ce que je crois être le fond de ta pensé : pourquoi les gens les plus éduqués de la planète ne font rien pour elle ? Voir pourquoi ne pensent-ils pas à leurs enfants en la préservant ? Croient-ils que l’argent qu’ils gagnent va les préserver de toutes crises environnementales, économiques ou sociales ?