« Salut à tous,
Cette histoire de Bhopal, ça me fout à l’envers. Pas que j’aie quelque espérance sur le genre humain… En fait j’ai plutôt honte d’appartenir à cette espèce. Un peu de mal à accepter ce qui se passe. Goût de dégoût. Impression de brasser du vent quand je travaille à sauver des morts pendant que des vivants sont abandonnés. Car après tout il s’agit de cela. 20 ans après la catastrophe, les habitants du coin vivent toujours dans la zone non dépolluée ; pas de réparation, pas de responsable, juste de l’intérêt financier et tant pis pour le tiers monde…
Bref, je me renseigne sur la question (Amnesty Internationnal, Greenpeace entre autres) et je tombe sur une pétition adressée au repreneur de Carbide (le « chimiste » propriétaire à l’époque des faits) pour nettoyer le site et indemniser les victimes. Et alors, qu’est-ce que je vois-je ? Qu’il n’y a que 2720 signatures… Aujourd’hui, une semaine plus tard, on en est à 4741 (c’est mou quand-même).
Alors voilà. Je propose à ceux qui ont quelques minutes à « perdre » d’aller sur le site de Bhopal.net et de signer s’ils se sentent concernés. Je ne garantis pas que cela changera quelque chose (si j’étais pessimiste, je pourrais même garantir que cela ne changera rien), mais, comme disent les bouddhistes, il faut savoir se montrer hostile quand c’est nécessaire. Et puis ça occupe les mains… ce qui soulage en donnant l’impression de ne pas rester sans rien faire.
En tout cas, c’est une utilisation d’internet qui me plait bien. »
Cette lettre, je l’ai envoyée en 2004 à mes camarades de jeu. C’était 20 ans après la catastrophe. Aujourd’hui, nous sommes donc 26 ans après, et toujours rien… Ni reconnaissance, ni dédommagement, ni dépollution du site.
Mais je ne désespère pas, je suis sûr que dans 25 ans il y aura des excuses publiques et officielles de la part des responsables ou de leurs héritiers.
Merci quand même aux Yes men qui ont essayé de refaire le monde…
Malheureusement, les dirigeants responsables encourent une peine dérisoire (2 ans de prison et 1800 € d’amende !), qu’ils ne vont probablement pas subir. Embauchés par d’autres firmes, ils continueront à gagner des millions certainement sans une pensée pour les victimes, ni sentiment de culpabilité.Vivant dans un monde de luxe et de pouvoir, je pense qu’il n’y a plus d’humanisme chez eux.
Je peux citer d’autres catastrophes, en partie dues à un contrôle de la sûreté par les pouvoirs publics ou par l’entreprise inexistant car trop onéreux :
- Tchernobyl avec 100 000 morts et plus de 200 000 invalides, entre 14 000 à 560 000 morts par cancer estimés et des dizaines de milliers de malformations par mutation génétique. Les victimes n’ont eu aucun dédommagement, et le gouvernement ne reconnait pas l’irradiation comme cause de cancers et de malformations.
- Le naufrage de l’Erika qui a souillé 400 kilomètres de côtes et mazouté 150000 oiseaux, a du payer une amende (car la catastrophe est survenue en France, il n’y en a probablement pas si c’était en Afrique ou Asie du Sud-est) mais pas de condamnation au niveau civil.